Publication du rapport « Financement de la transition agricole : freins et leviers »
Dans le cadre de ses travaux sur le financement de la transition, l’Institut de la Finance Durable (IFD) présente aujourd’hui son nouveau rapport « Financement de la transition agricole : freins et leviers ». Ses recommandations s’appuient sur un travail ayant mobilisé plus de 150 acteurs (exploitants, industriels, acteurs financiers, experts, pouvoirs publics), sur la base de plus de 70 auditions réalisées pour analyser des cas concrets dans toute la France.
Dès mai 2023, le « Plan d’actions pour le financement de la transition écologique » soulignait que le principal frein à l’émergence de projets de transition n’était pas la disponibilité de ressources mais la faible rentabilité économique des projets. A la demande du ministre de l’Économie et des Finances, l’Institut de la Finance Durable a ainsi prolongé ses travaux de manière sectorielle, avec un premier focus sur la décarbonation du bâtiment, et désormais une étude dédiée au financement de la transition agricole réalisé avec l’appui du cabinet de conseil Kearney.
« La transition écologique implique d’adapter le modèle agricole tout en renforçant sa compétitivité et en préservant notre souveraineté alimentaire. Réussir cette transition implique de créer les conditions d’une meilleure valorisation économique de l’activité et de renforcer les capacités de financement des investissements nécessaires. » a déclaré Yves Perrier, Président de l’Institut de la finance durable.
L’agriculture : un secteur clé pour la transition écologique mais des investissements longs et couteux pour les exploitants dont les marges de manœuvre sont faibles
Si elle représente 19% des émissions de GES de la France, l’intensité carbone de l’agriculture française est l’une des plus basse au monde. En adoptant des pratiques plus durables (production énergétique, diversification, réduction des intrants, stockage carbone, restauration des écosystèmes), elle peut devenir un puissant levier de transition écologique. Mais la transition agricole est aujourd’hui freinée par plusieurs défis structurels. Les changements de pratiques nécessaires à la transition se heurtent aux incertitudes sur les débouchés économiques, à des taux d’endettement importants des agriculteurs (63% en moyenne en France, 66% dans le bio) associés à une rentabilité des capitaux employés très faible (de 1 à 1,5%). La réalité économique freine l’engagement des exploitants.
Un enjeu de renouvellement de la population agricole, qui peut être une opportunité pour le secteur et la transition
A cet enjeu de conversion s’ajoute un enjeu d’installation de jeunes exploitants, un agriculteur sur deux devant partir à la retraite d’ici 10 ans. Ce renouvellement générationnel pourrait aussi être une opportunité, le moment de l’installation d’un jeune agriculteur étant le plus propice à des investissements dans l’appareil productif et des changements d’orientations pour la ferme.
L’Institut de la Finance Durable formule 15 recommandations concrètes pour le financement d’une agriculture forte, résiliente et durable autour de trois grands axes :
- Améliorer la rentabilité et la valorisation financière des pratiques durables : en assurant une juste répartition de la valeur au sein des filières (notamment via le renforcement de la loi Egalim 2 et des contractualisations long-terme tripartites), et en développant la rémunération des services environnementaux rendus par les agriculteurs (crédits carbone, paiements pour services environnementaux, éco-carbone score) qui peuvent venir en complément d’autres outils.
- Développer des outils financiers innovants pour alléger les charges d’investissement et gérer les risques : l’IFD préconise de développer massivement le portage foncier où des investisseurs privés portent temporairement le foncier pour réduire l’endettement initial. La généralisation de l’assurance récolte, adaptée pour inciter aux changements de pratiques et complétée par une expérimentation d’« assurance transition », est également cruciale. Enfin, le développement de poly-activité sur les exploitations contribuer à réduire les risques portés par l’exploitant.
- Faciliter l’accès au financement et en réduire le coût pour les exploitants : l’IFD recommande d’explorer l’opportunité d’un éco-prêt à taux zéro agricole et de renforcer significativement le recours à la garantie publique pour les investissements liés à la transition des exploitations agricoles, afin de dérisquer les projets et de baisser le cout de financement.
Retrouvez ci-dessous les recommandations du rapport.
L’Institut de la Finance Durable présentera ces travaux lors d’un wébinaire, le jeudi 5 juin à 16h30 en présence de Laure Verdeau, directrice générale de l’Agence du Bio ; Nicolas Lioliakis, chairman France, Kearney ; et Samuel Dugas, éleveur laitier en Ille-et-Vilaine, porte-parole de Carabes & Canopée. Inscrivez-vous dès aujourd’hui !